à propos des arbres...

ARBRES (COMMENT TOUT A COMMENCE...)

Un jour d'octobre 2009, je marchais au milieu d'une forêt de pins. Marcher comme ça, sur un chemin plus ou moins de randonnée avec plus ou moins d'arbres autour, je l'avais déjà fait des centaines de fois dans ma vie. Pourtant, ce jour-là particulièrement, en regardant tous ces grands troncs s'élever ensemble les uns devant et derrière les autres, j'ai trouvé cela graphiquement magnifique.

Je commençai alors ce travail dont les arbres constituaient la principale source d'inspiration et le dessin l'évidence même. Le fusain s'était presque naturellement imposé comme le meilleur représentant de ces grands corps tortueux et entrelacés, de ces noeuds "cosmiques" où j'ai cru voir parfois des nébuleuses et des trous noirs inquiétants, des tourbillons où le regard se perd.

J'ai été essentiellement attirée par ces déhanchements tordus, ces branches qui se mélangeaient comme des serpents entremêlés, qui parfois tendaient de façon tourmentée vers le haut ou vers le bas. Sous les traits du fusain et du hasard, les arbres sont devenus des formes abstraites et vaporeuses, des corps tordus et complexes comme l'humanité, le monde, la colère et le bonheur de la révolte.

Je continue à marcher au milieu des forêts. Aujourd'hui un peu différemment d'hier; je regarde les arbres et le reste depuis mon univers intérieur. Et je me rends compte à quel point ces formes tortueuses ressemblent à mes pensées, à la façon dont j'aime les faire partir, se perdre, arriver quelque part puis repartir ailleurs, les tordre, les malaxer comme de la terre et voir jusqu'où elles peuvent aller. Tout ça se passe surtout en marchant.

Je dessine un peu comme je me promène. Une promenade intérieure où les questions sont plus importantes que les réponses, où le fusain navigue en entrelacements incertains, sillages profonds, inquiets, tourmentés et joyeux.

Novembre et décembre 2010